les ombres s'allongent, s'étirent et se déforment. il fait froid. ici. là bas. partout. nul part. dans ce brouillard, on peine à faire sens des uns et des autres. les vivants grouillent parmi les tombes et les maisons. chacun s'enferment dans ses pensées. il ne voient pas vraiment le monde qui les entourent, cette réalité d'une banalité et d'une familiarité affligeantes. pourtant, elle change.  les plus curieux s'arrachent à la lumière de leur portable. c'est alors qu'ils les aperçoivent : ce sont des visages parmi les ombres, ou des reflets faiblards sur une vitre. de temps à autre, ce sont des inconnus, de chair et de sang, comme eux. mais, si le regard se détourne avant de revenir, ils ont disparu - si jamais ils ont réellement existés.

on les nomme spectres, fantômes, ectoplasmes, parfois démons. l'esprit mortel tente de faire sens de ces apparitions. ou bien de les ignorer. mais, ils sont bien là tapis au fond des pensées des vivants, ces âmes égarés, ces morts luttant pour retrouver consistance, émotions tumultueuses vaporeusement réincarnées. ici, à exeter, ils sont légion, grouillant dans les rues, les impasses, dans les greniers, ou les salons, pleurant ou ignorant leur trépas. ils s'accrochent aussi, à ces mortels, ces curiosités, maudits par d'affreux dons, et forcés à fréquenter le monde des morts, leurs sens étant affectés par de bien curieuses "difformités" leur ouvrant les portes de l'au delà.

crédits (icones) : battery fox.